Depuis ce mercredi 19 septembre, le gouvernement béninois applique une taxe sur les réseaux sociaux, qui fait flamber les prix de lâaccès à internet. Une décision mal vécue à Cotonou et interprétée par la plupart des internautes comme une mesure de représailles contre les critiques du pouvoir.
Une journée difficile pour les internautes mobiles béninois. Le 19 septembre, lâopération de basculement vers la nouvelle tarification des services de connexion internet a privé la plupart des internautes de réseaux mobiles. « Les systèmes des deux opérateurs de téléphonie mobile, MTN et Moov, nâont pas fonctionné pendant des heures », raconte un jeune développeur web.
Le 25 juillet, le gouvernement avait signé un décret instituant de nouvelles « contributions » sur la consommation des services de communication. Les services dâappels, de SMS et dâinternet sont taxés à hauteur de 5 % de leur prix hors taxe, tandis quâune contribution de 5 francs CFA (0,8 centime dâeuro) par mégaoctet est prélevée pour lâaccès à internet utilisant un service par contournement ou une plateforme de réseau social (application permettant de téléphoner par internet, sans avoir à utiliser du crédit mobile).
Un gigaoctet 10 fois plus cher avec lâoffre incluant les réseaux sociaux
Conséquence de cette dernière taxe, les opérateurs de téléphonie mobile ont mis en place deux types de forfait internet, incluant ou non un accès aux réseaux sociaux. Chez MTN, lâoffre « sans réseaux sociaux » est en moyenne à 1,08 euro pour un gigaoctet de données. Le même gigaoctet est facturé 11,43 euros, soit plus de 10 fois plus cher, dans lâoffre « avec réseaux sociaux ».
Le gouvernement justifie cette hausse par le manque à gagner des opérateurs, qui sont depuis un certain temps concurrencés sur leur cÅur de métier par des services par contournement tels que Messenger, WhatsApp et Viber. Selon les autorités, cette concurrence fait baisser les montants des redevances que lâÃtat devrait engranger.
« Câest une gageure. Comment sâen sortent les opérateurs téléphoniques des autres pays ? Seuls les Béninois utilisent-ils WhatsApp pour appeler ? Les raisons sont ailleurs, le gouvernement nâa pas de quoi financer son programme dâaction », explique un web-activiste sous le couvert de lâanonymat.
Taxer les « transferts dâimages qui critiquent le gouvernement »
Les arguments du gouvernement ne convainquent guère à Cotonou, surtout après que le ministre des Finances, Romuald Wadagni, a expliqué, lors dâun forum consacré à lâinvestissement le 28 août, que le coût de la connexion internet ne serait renchéri que pour ceux qui font un usage ludique de la connectivité ou qui effectuent des « transferts dâimages qui critiquent le gouvernement ». Ces propos ont suscité une vague dâindignation sur les réseaux sociaux et dans lâopinion publique.
Le président de la Fondation Kundi Africa, Kwame Sènou, dénonce lâimpact économique de cette décision. Ayant récemment investi dans une plateforme connectant artisans et consommateurs, il trouve que « cette mesure vient sonner le glas dâun écosystème naissant où il fallait beaucoup de courage pour investir alors que le Bénin manque dâattractivité auprès du capital-risque. Les réseaux sociaux sont devenus tellement essentiels aux PME que nous ne pouvons comprendre cette mesure de la part dâun pays démocrate ».
LâAssociation des blogueurs du Bénin a lancé une campagne contestant la réforme dénommée avec le hashtag #TaxePasMesMo. Depuis, elle a demandé à ses membres et au public, en signe de protestation, de se désabonner de toutes les pages Facebook du gouvernement et des ministères. Une action qui ne semble visiblement pas encore faire reculer les autorités béninoises.





















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