Derrière Nanawax, il y a sa célèbre fondatrice Maureen Ayité, une entrepreneure dans lââme. Ne vous fiez pas aux photos Instagram ou aux stories Snapchat ; car si la vie dâentrepreneur fait rêver, vous y rencontrerez des difficultés et des challenges.
Challenges dont la créatrice de Nanawax nous parle. Pourquoi savoir dire « non » ? La jeunesse est-elle un obstacle quand on monte sa boîte ? Entreprendre, est-ce fait pour tout le monde ? Maureen Ayité répond à nos questions.
Tu avais 25 ans quand tu as lancé Nanawax, lââge nâa t-il pas été un obstacle ?
Ãa nâa pas été un obstacle pour moi. Câest maintenant que lâentreprise grandit que câest un obstacle. Souvent de grands groupes viennent dans ma boutique, on pense que câest ma mère la boss. à lâépoque, jâétais juste une jeune fille qui vendait quelques vêtements. Aujourdâhui, câest vraiment un obstacle car on ne me prend pas toujours au sérieux. Il y a également un autre problème car il y a parfois ce préjugé quâon vient dâune famille nantie pour créer sa propre boîte. Quand jâétais à une conférence aux Pays-Bas, on mâa demandé si jâavais une famille riche et si cela nâavait pas pas facilité la création dâentreprise. Et pourtant, je ne viens pas dâune famille riche. Il y a souvent cet à priori.
Quelle était la toute première création Nanawax ?
Le sac Ebenia. Câest un sac que ma mère avait. Il est doté dâune poignée en rotin. Je lâai fait en pagne avec une poignée en Ebène. Câest un sac qui est toujours disponible !
Le Sac Ebenia â © Nanawax
Le Sac Ebenia â © Nanawax
Quelles sont les difficultés que tu as rencontrées et que tu aimerais partager aux personnes qui veulent faire comme toi ?
Il faut être préparé(e) à tout ! Jâétais totalement transparente. Je ne cachais pas mes fournisseurs. Quand un business marche, tout le monde veut faire pareil. Si lâon ne fait pas attention, on peut débaucher les employés que tu as formés mais aussi détourner tes fournisseurs. Il faut toujours avoir 2 ou 3 coups dâavance et garder les choses secrètes ! Quand quelquâun essaie de me copier, je fais en sorte quâil ne puisse pas reproduire exactement. Jâai cherché des motifs qui me sont propres, des poids Baoulés, des fermetures customisées avec le logo Nanawax, enfin jâai brandé mes accessoires. Il faut beaucoup miser sur le packaging dâun produit. Lâexemple parfait est à prendre sur les enseignes de luxe , comme Chanel qui offre leurs produits dans une belle boîte quâon a envie de garder avec une carte de remerciement⦠Pleins de détails qui font que les clients iront chez vous même sâils peuvent trouver une copie ailleurs. Les entrepreneurs négligent souvent le packaging alors que les attentions vous permettent de vendre plus.
« JâAURAIS Dà METTRE UNE DISTANCE ENTRE LA PERSONNE MAUREEN AYITà ET MA MARQUE. »
Si Nanawax était à refaire, quâaurais-tu changé ou fait différemment ?
Je nâaurais pas mis mon image ! Jâaurais eu une marque comme dâautres personnes sans quâon ne me reconnaisse dans la rue. Je nâai jamais voulu être célèbre. Je faisais aussi tout moi-même. Je répondais directement aux clients mais jâaurais dû mettre une distance entre la personne Maureen Ayité et ma marque. Il y a des gens qui nâaiment pas Maureen Ayité mais aiment Nanawax donc câest pour ça que je lâaurais changé. Au moins, il nây aurait pas eu de conflit !
Quelles sont les femmes entrepreneures qui tâinspirent le plus ?
Même si je ne la connais pas personnellement, jâaime bien Andrea Iyamah. Elle a une marque et sa page Instagram perso. Jâaime lâesthétique de ses photos et de son univers qui sont magnifiques ! Il y a également une dame handicapée à Cotonou dont je ne connais pas le nom. Elle louait des chaises en plastique pour les évènements. Elle a ensuite acheté 3 ou 4 terrains pour stocker ses produits à louer. Aujourdâhui, elle loue du matériel décoratif pour les évènements. Tout est hyper travaillé. En moins de 5 ans, elle est devenue une référence au Bénin. Câest une femme qui innove avec ce quâelle gagne. Quand je vois ce quâelle a bâti, ça mâinspire car elle est passée de « rien du tout » à quelque chose de grand ! Et demain, jâaimerais mâaméliorer comme elle. Je veux quâon aille chez Nanawax sans quâil y ait de rupture de stock.
En tant que femme entrepreneure, quelle serait pour toi la plus grande consécration ?
La plus grand consécration, ce serait de créer une ligne avec une grande marque comme Zara ! Quand jâétais étudiante, Zara câétait le Graal car je nâavais pas les moyens dâacheter un top Zara à 50 euros. On nâa pas encore Zara en Afrique de lâOuest mais quand je vais dans nâimporte quel pays, on y trouve de tout dans cette enseigne. Jâaimerais faire une ligne pour eux, avoir un site en ligne digne dâAsos et pouvoir livrer dans le monde entier.
Pourquoi as-tu fermé ton site ?
Parce que jâai envie de faire les choses bien ! Les frais dâenvoi coûtent très chers. Il devait sortir ce premier trimestre mais le prestataire nâa pas assuré et a oublié des détails comme demander les paiements sécurisés via internet ce qui prend entre 30 et 45 jours au Bénin ! Après 4 expériences ratées, jâai laissé tomber pour le moment. Jâai ouvert un petit e-shop sur Afrikrea et jâobserve ce que les gens aiment ! Câest une façon de tester le marché.
Quand tu rencontres des moments difficiles, quâest-ce qui te donne envie de continuer ?
Câest ma mère et ma grand-mère ! Parfois, je suis découragée quand jâai des problèmes avec mon équipe ou avec la clientèle mais ma mère mâencourage. Elle me pousse à ne pas me laisser envahir par les commentaires. Elle me dit que ma force, câest mon endurance et ma persévérance. Ma grand-mère, qui est décédée, mâa dit des mots réconfortants. Et puis, je relativise quand je vois des gens qui traversent certaines difficultés, je nâai pas à me plaindre.
« PAS DâINTÃRÃT COMMERCIAL, PAS DâACTION. JE RÃPÃTE SOUVENT CETTE PHRASE MAIS ELLE EST TRÃS VRAIE. SOUVENT LES GENS NE MâAIMENT PAS POUR ÃA MAIS JE GÃRE UN BUSINESS. »
Ãtre entrepreneur, câest aussi apprendre à refuser certaines propositions. Selon toi, quand faut-il savoir dire « non » ?
Quand ta marque est jeune, les gens demandent un partenariat pour recevoir des produits car « ça va me faire connaitre » mais jâai besoin de savoir ce que jây gagne. Quand tu sais quâune proposition ne te fait rien gagner au vu de ton effort, il ne faut pas y aller. Pas dâintérêt commercial, pas dâaction. Je répète souvent cette phrase mais elle est très vraie. Souvent les gens ne mâaiment pas pour ça mais je gère un business. Dans lâoptique de faire du bénévolat, ok mais câest tout. Quand on me fait miroiter que jâaurais « de la visibilité », je me demande ce que jây gagnerais réellement. Ceux qui font les Fashion weeks ont un intérêt commercial derrière car il y a des acheteurs ! Pour moi de la vraie visibilité, câest un post Instagram de Rihanna avec le produit dâune marque.
Pour les personnes qui souhaitent se lancer dans le secteur de la mode en Afrique, quels conseils peux-tu leur donner ?
Avoir et /ou apprendre le sens du détail pour vous différencier ! Par exemple, je fais faire mes patrons à lâétranger pour que tout soit à lâidentique. Ici, les personnes apprennent sur le tas et il nây a pas dâécole. Il faut être attentif à la production et à la formation des artisans.
« IL FAUT AVOIR DU CULOT, SAVOIR SE VENDRE. IL NâY A PAS QUE LE TALENT, IL FAUT ÃTRE PERSÃVÃRANT. »
Pour réussir, quelles doivent être les qualités dâune femme entrepreneure dans la mode ?
Persévérante parce quâil y aura toujours des bâtons dans les roues. Il ne faut pas se décourager à chaque obstacle ! Il faut avoir des gens qui te soutiennent moralement. Il faut être quelquâun de résilient, mettre les sentiments de côté. les femmes qui réussissent ne partent pas à la première difficulté et ça câest dans tous les domaines ! Il ne faut pas se dire « je ne vais pas réussir » parce que « je suis une femme » ou parce que « je suis africaine »⦠Il faut avoir du culot, savoir se vendre. Il nây a pas que le talent, il faut être persévérant.
Aujourdâhui, vouloir devenir entrepreneur est « à la mode ». Penses-tu que tout le monde a les armes pour créer sa propre boîte ?
Non, tout le monde nâa pas les armes. Des gens créent leurs boites, ça fait le buzz et puis quelques mois plus tard, il nây a plus rien. Souvent lâidée nâest pas bonne, le fondateur nâest pas persévérant ou lâa fait pour lâargent. Il ne faut pas le faire seulement pour lâargent, il faut faire quelque chose qui vous passionne.
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