Dans son dernier rapport annuel, la Cour des comptes marocaine écorne la gestion de lâenseignement supérieur public. Elle révèle le laisser-aller dâune administration qui peine à organiser une gouvernance rigoureuse.
La Cour des comptes marocaine a été sans concessions. Dans le rapport annuelquâils viennent de rendre sur la gestion du royaume chérifien au cours des années 2016-2017, les magistrats de lâinstitution dressent une longue liste des dysfonctionnements qui freine la montée en gamme du secteur de lâenseignement supérieur public. Des carences tant au niveau des services ministériels quâuniversitaires qui pénalisent plus de 750 000 étudiants et justifient leur engouement pour les 184 établissements dâenseignement supérieur privés.
Un manque de concertation
DANS LEUR ENQUÃTE, LES MAGISTRATS RÃVÃLENT LâABSENCE TOTALE DâUN CADRE DE RÃFLEXION CONCERTÃ.
Câest dâabord au sein même du ministère de lâEnseignement supérieur et de la Recherche scientifique que règne la désorganisation. Dans leur enquête, les magistrats révèlent lâabsence totale dâun cadre de réflexion concerté, utile à la bonne définition des orientations à prendre en fonction des besoins sociaux, économiques et culturels du royaume, lequel permettrait leur planification. De son côté, le ministère se défend : pour définir sa politique, il affirme avoir recours à quatre outils :
- Les différentes instructions du roi Mohammed VI prononcées dans ses discours.
- Le rapport du Conseil supérieur de lâéducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) â dont le président est nommé par le roi â produit en septembre 2015 et intitulé « Vision stratégique 2015-2030 : pour une école de lâéquité, de la qualité et de la promotion ».
- La loi 01-00 du 19 mai 2000 qui organise le secteur de lâenseignement supérieur.
- Le plan dâaction du secteur de lâenseignement supérieur et de la recherche scientifique datant de 2017.
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Des stratégies non-évaluées
Sâil y a bien des stratégies, celles-ci ne font lâobjet dâaucun suivi au cours de leur réalisation ni dâaucune évaluation à leur issue. Selon la Cour des comptes, « chaque nouveau plan stratégique ne prend pas en considération les réalisations des plans précédents ». Le cas aurait été observé entre la fin du Plan dâurgence 2009-2012 et lâélaboration du plan stratégique 2013-2016. Ce que ne dément pas le secrétaire dâÃtat chargé de lâEnseignement supérieur et de la recherche scientifique. Selon lui, la programmation du plan dâaction pour la période 2013-2016 « sâest appuyé essentiellement sur les deux éléments suivants : une brève évaluation des résultats dâétape (2009-2011) du Programme dâurgence, et lâidentification des principales contraintes du secteurs, la hiérarchisation des priorités et la formalisation des principaux axes et projets pouvant faire lâobjet dâune programmation pour la période 2013-2016 [â¦] ».
ENTRE 2003 ET 2014, LE TAUX DâENCADREMENT PÃDAGOGIQUE EST PASSÃ DE 27 ÃTUDIANTS POUR UN ENSEIGNANT Ã 56 POUR UN ENSEIGNANT.
Les effets de cette gouvernance négligente sâobservent bien concrètement. Entre 2003 et 2014, le taux dâencadrement pédagogique est passé de 27 étudiants pour un enseignant à 56 pour un enseignant. Le rapport note de plus que la grande majorité des enseignants dâuniversités accomplissent moins que leurs charges horaires réglementaires. à titre dâexemple, le taux de dâutilisation du volume horaire de lâuniversité Mohammed V Agdal Rabat nâest que de 43 %.
Lâincohérence des projets dâuniversités
Autonomes sur le plan financier et administratif, les défaillances de gouvernance sâobservent aussi au niveau des universités qui ne sont sous le joug dâaucun cadre contractuel définissant les relations quâelles doivent entretenir avec les services du ministère. En plus de ne pas tenir compte des plans gouvernementaux, certains ont du mal à mener à bien les projets définis par leur président : « Lorsque le président nouvellement nommé se retrouve avec des chefs dâétablissements déjà installés, et travaillant sur la base de leurs propres projets de développement, il est difficile dâintégrer et dâharmoniser ces projets avec le projet propre au président concerné », souligne la Cour des comptes.
LA FORMATION PROFESSIONNELLE AU SEIN DE LâENSEIGNEMENT SUPÃRIEUR PUBLIC PÃCHE ELLE AUSSI.
Des universités déconnectées des réalités socio-économiques
La formation professionnelle au sein de lâenseignement supérieur public pèche elle aussi. Accréditations de formation sans étude préalable du marché de lâemploi, absence de centre dédié à cette activité alors même que le règlement intérieur le prévoit, faiblesse de lâoffre qui se concentre en majorité (54 % dâentre elles) à de la formation niveau Bac+5. Les magistrats concluent : « La faiblesse de lâoffre de formation continue qualifiante « reflète dâune part la faible intégration de lâuniversité dans son milieu socio-économique et dâautre part le faible positionnement de lâuniversité en tant quâacteur principal dans le marché de la formation continue ».





















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